Une communauté sans aînés est comme un arbre sans racines – Proverbe africain
L. A. States, G. A. Sheppard et la Brigade du diable
La Brigade du diable ou la Première Force de Service spécial (PFSS), était une force canado-américaine de parachutistes qui a combattu durant la Deuxième Guerre mondiale. Elle est considérée comme l’ancêtre de groupes tels que les SEALs de la Marine américaine. La brigade combattit sur les fronts sud et ouest entre 1942 et 1944. Officiellement, la ségrégation était appliquée dans la brigade compte tenu de la politique américaine de ségrégation mais, en 1944, deux Afro-Néo-Écossais combattirent au sein de cette brigade à Anzio en Italie. En mai 1944, Lloyd Arthur States de New Glasgow et Golbourne Alexander “Gupp” Sheppard de Whitney Pier furent appelés à joindre la brigade avec d’autres volontaires canadiens. Après environ un mois de combats sans issue, les commandants américains découvrirent que deux Afro-Néo-Écossais combattaient aux côtés des soldats américains blancs. Les deux soldats afro-néo-écossais furent démobilisés. Depuis le début de la ségrégation raciale aux États-Unis, c’était la première fois que des Noirs s’étaient trouvés « intégrés » dans l’Armée américaine.
À leur retour en Nouvelle-Écosse, Lloyd Arthur States et Golbourne Alexander Sheppard furent confrontés aux préjugés raciaux malgré leur contribution durant la guerre. Dans ses documents de démobilisation, on décrit Sheppard comme un jeune homme agréable, physiquement apte au travail et on recommande qu’il retourne à son emploi antérieur ou qu’il suive une formation professionnelle. Toutefois, son fils Charles déclarera que son père fut le dernier à retrouver son emploi.
Jusqu’à tout récemment, la participation d’hommes d’ascendance africaine au sein de la PFSS était un fait essentiellement inconnu. Grâce au travail des enfants de ces hommes et à celui d’historiens de la Deuxième Guerre mondiale, des récits sur leur passage au sein de la Brigade commencent lentement à émerger.
East Preston Day Care Centre (centre de la petite enfance fondé en 1974)
Le East Preston Day Care Centre a été fondé en 1974 par la révérende Joyce Ross et des membres du Day Care Centre Committee. C’est un organisme reconnu à l’échelle nationale qui offre un programme d’éducation de la petite enfance aux enfants d’East Preston et des collectivités avoisinantes. Vers la fin des années 1960 et au début des années 1970, les différences socioéconomiques entre East Preston et le reste de Dartmouth étaient très grandes. La collectivité était encore, à cette époque, dans un comté de petites agglomérations agricoles et les enfants habitaient souvent dans des maisons plus vétustes que celles de leurs camarades des quartiers urbains. Beaucoup de maisons n’avaient pas de toilette à l’intérieur et l’électricité était plus rudimentaire qu’en ville. Les enseignants de l’école primaire ont remarqué que les enfants d’East Preston n’avaient pas les habiletés de base nécessaires pour réussir à la maternelle et en première année. Joyce Ross était d’avis qu'un programme intensif d’éducation de la petite enfance pourrait contrebalancer les différences culturelles et économiques. En 1972, le Day Care Centre Committee, l’administration municipale, le gouvernement provincial et divers organismes afro-néo-écossais combinèrent leurs ressources pour créer un programme d’éducation subventionné pour les enfants de la collectivité. Le East Preston Day Care Centre ouvrit ses portes en 1974 avec Joyce Ross comme première présidente et directrice
Le modèle d’East Preston est axé sur l’éducation plutôt qu’uniquement sur la surveillance. Le programme cherche à développer les habiletés créatives, musicales, motrices et sensorielles des jeunes enfants. Le programme a connu un tel succès que les enseignants se sont éventuellement plaints que les enfants étaient trop avancés pour les premières années de l’école primaire. Selon Joyce Ross, des parents qui venaient d’aussi loin que Sackville, amenaient leurs enfants au centre d’éducation de la petite enfance d’East Preston avant d’aller travailler.
Le East Preston Day Care Centre est encore ouvert aujourd’hui. S’y sont greffés un centre de santé pour les familles, des programmes pour les jeunes, un programme d’apprentissage par ordinateur et des programmes d’alphabétisation. Le centre a déjà été désigné le meilleur établissement d’éducation de la petite enfance dans la province et l’un des dix meilleurs au pays. À une époque où les garderies sont de plus en plus coûteuses, les succès remportés par ce programme subventionné devraient servir d’exemple pour illustrer les effets positifs de l’accès à des programmes d’éducation de la petite enfance.
Henry Sylvester Williams (1869–1911)
Après sa mort, on a parlé d’Henry Williams comme d’un perturbateur victorien mais il serait plus juste de le décrire comme un nationaliste trinidadien et un penseur-fondateur du mouvement panafricain. Henry Williams était issu de la classe moyenne à Trinidad. Ayant les moyens de quitter son pays, il passa la plus grande partie de sa vie à l’étranger. Il fut la première personne de race noire à être admise à la faculté de droit de l’Université Dalhousie où il s’était inscrit en 1892 après avoir entendu parlé, à Trinidad, de cette faculté de droit. Bien qu’il n’y ait étudié qu’une seule année, il s’est néanmoins fait connaître pendant ce temps. Il enseigna dans une école afro-néo-écossaise sur la rue Stairs, à Dartmouth, et il utilisa son salaire pour payer ses études à Dalhousie. Il devint tristement célèbre sur le campus parce qu’il était un ardent défenseur des droits des Noirs. Au parlement fictif de la faculté, il argumenta en faveur de son pays natal pour qu’il obtienne le droit d’avoir un système politique représentatif. Après avoir été attaqué sur le campus de l’université, Henry Williams retourna enseigner à Trinidad. Il termina ses études plus tard en Angleterre.
Henry Williams fonda ce qui deviendra l’African People’s Congress. Il fut le premier conseiller municipal noir en Angleterre et il travailla avec des hommes comme W. E. B. Dubois. Il fut aussi la première personne à utiliser le terme « panafricain ». Il devint plus tard une source d’inspiration pour des gens engagés, comme Marcus Garvey. Même si son séjour à Halifax fut de courte durée, son admission à la faculté de droit de l’Université Dalhousie ouvrit la voie à James Robertson Johnston qui fut le premier diplômé noir de l’université.